L’un de mes clients avait voulu travailler avec moi en direct lorsque mon boss avait détruit le projet que nous avions créé ensemble. Par respect pour l’agence où je travaillais, j’avais dit que je ne pouvais pas, même si mon statut me le permettait. Je voulais rester honnête envers mon boss. J’avais simplement donné les éléments que j’avais designés à mes clients, et je leur avait conseillé d’aller voir d’autres agences. Je l’ai fait deux fois, consciente que j’offrais mon travail. Mais j’avais créé ces projets. Rien dans mon contrat ne me privait de ma propriété intellectuelle, je pouvais le faire. Et je ne voulais pas non plus que mes créations disparaissent à cause des mauvaises négociations de mon boss. Alors j’avais préféré offrir mon travail que l’ignorer. 

Puis un client est venu me voir en direct. Il voulait savoir si je pourrais l’aider sur un projet. Je pouvais. Je l’ai fait. Dans les délais. Dans le budget. Et il est reparti pleinement satisfait. Ce premier projet était le projet V.017. Il s’agissait de créer un appartement dans la limite des 4 murs fournis par le promoteur immobilier. J’avais apprécié cette première expérience brillamment menée. J’avais apprécié me trouver au moment de la construction, avoir pu immédiatement bien placer les cloisons, la plomberie, l’électricité, les évacuations et aérations. J’avais pour seule contrainte la surface, et les colonnes d’évacuations. Mais un champ des possibles total pour satisfaire mon client qui ne serait en prime pas dérangé par les travaux. Il ne vivrait pas là, c’était un projet en cours de construction. Il vivait ailleurs, et n’arriverait que dans le projet fini. Je le trouvais particulièrement chanceux après avoir vu tant de désagréments chez mes précédents clients. 

Ma première expérience d’indépendante, le premier projet que j’ai pu signer de mon nom m’a complètement satisfaite. D’avoir pu satisfaire mon client. D’avoir pu respecter ses demandes. D’avoir pu le respecter ! J’avais recréé ce lien de confiance, et personne n’était ensuite venu le briser. Alors j’ai arrêté de prendre des contrats en freelance, pour ouvrir officiellement mon agence, et me consacrer à mes propres clients. 

J’ai continué à trouver des clients. Un par un, ne pouvant en gérer plus à la fois. Difficilement, n’étant pas la plus douée pour me mettre en avant. Et c’est justement ce qui me rend performante dans mon métier. Ma capacité à m’effacer pour mettre l’autre, ses besoins, ses envies en avant. Mais au moment de faire connaître mon agence, c’était compliqué avec mon tempérament. Et finalement, j’arrivais toujours à trouver des projets. Merci aussi le bouche à oreille. Parce que, finalement, d’avoir conservé cette bonne relation avec mes clients, ils avaient d’eux-mêmes participé à mon marketing. Alors mon agence a perduré depuis, et je suis restée indépendante. 

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